« Je lui offrirai mon amour si elle m'accorde sa sincérité. »

Elle galope, je ressens vraiment bien sa puissance, sa force. Elle a beaucoup d'énergie et un besoin intense de liberté. Je la sens comme enchaînée, complètement bloquée. Elle veut courir, se dépenser sans contrainte. Je cherche à l'approcher mais elle ma repousse. Tout va très vite, elle me demande de partir d'un ton assez sec. J'ai vraiment la sensation qu'elle ne veut pas de moi, ni de personne d'autre. Je lui demande simplement pourquoi. « [NINA] Je n'ai rien à te dire. » Je lui explique gentiment qu'il faut qu'elle se calme. Je lui dit aussi que rien ne va plus autour d'elle, mais elle en a parfaitement conscience. J'ajoute aussi que ce n'est pas seulement aux autres qu'elle fait du mal, mais aussi à elle-même. « [NINA] Je veux être libre. » C'est fou la colère qu'elle a au fond d'elle-même, elle est profondément blessée. « [NINA] Je veux voir le monde » Puis impossible de lui reparler, elle est partie.


Je suis dans le métro et je sens de nouveau sa présence. Elle est revenue me voir. Elle m'observe, elle est curieuse. J'ai l'impression qu'elle s'est un peu attachée à moi, elle m'accorde une certaine importance pour lui avoir porté de l'attention, pour l'avoir écoutée.

« [NINA] Qu'est-ce que c'est que ça ? »
« [MOI] Ça s'appelle le métro, ça nous permet de nous déplacer en ville. »
« [NINA] C'est moche, bétonné, sombre. Où est la nature ? »
« [MOI] Si tu veux la voir il va falloir que tu attendes que je sois sortie d'ici et que j'arrive à la fac. Parce qu'ici tu ne vas rien voir d'autre que les tunnels du métro et tous les humains qui l'utilisent. »

Elle est déçue par ce qu'elle voit de notre monde. J'aurais plutôt pensé qu'une jument découvrant le métro serait impressionnée, effrayée. Mais elle est tellement neutre... Comme blasée de voir comment nous vivons. Elle reste un moment auprès de moi à observer le fonctionnement du métro puis je la perds de vue de nouveau.

Première communication avec Nina

« [MOI] Hey Nina. »
« [NINA] Encore toi ? »
« [MOI] Oui, je veux t'aider. »

Elle souffle, elle ronchonne. J'ai l'impression qu'elle est partagée entre deux possibilités : m'envoyer balader ou m'accepter. Elle ne sait pas trop ce qu'elle doit faire. À première vue elle aurait envie de me rejeter, mais quelque chose la retient, une sorte de curiosité, elle n'a pas l'air de comprendre pourquoi moi je m'intéresserais à elle, et ça l'intrigue.

« [NINA] M'aider à quoi ? »
« [MOI] À être heureuse. »
« [NINA] Comment ? »
« [MOI] En t'écoutant. »
« [NINA] Personne ne m'écoute ! »

J'ai touché un point sensible apparemment, elle m'a coupée la parole, la réponse est directe.

« [MOI] Moi je veux bien t'écouter, je suis là pour ça. »
« [NINA] Eux, ils doivent m'écouter. »
« [MOI] Je leur passerais tes messages. Tu parles bien de tes gardiens ? »
« [NINA] Oui. »

Elle est profondément blessée, je ressens un énorme mal-être.

« [NINA] J'en ai marre... Je suis seule, ils ne m'aiment pas... Pourquoi ? »
« [MOI] Il y en a au moins une qui t'aime puisqu'elle m'a demandé de te parler... »
« [NINA] Non, ce n'est que par intérêt. »
« [MOI] Pourquoi ? »
« [NINA] Pour l'argent, la gloire, pas pour moi. Ils m'emmènent partout. »
« [MOI] Mais tu veux voir le monde non ? C'est une bonne opportunité. »
« [NINA] C'est leur monde, pollué, malsain. Pas le mien. C'est le monde des esclaves, pas celui des chevaux libres. »
« [MOI] Je vois... »

Elle voudrait de grandes étendues, pas de clôtures, de terrains de concours et de licols la retenant prisonnière.

« [NINA] Je me fiche de leurs concours ridicules. »

J'ai été dérangée par mon père qui vient d'arriver, je dois partir. Je n'ai même pas le temps de lui dire qu'elle a déjà compris.

« [NINA] Tu ne m'écoutes plus, vas-t-en, reviens plus tard. »
« [MOI] Je reviendrai t'aider, je te le promets. »
« [NINA] Merci... »

Je sens que malgré le fait qu'elle soit vexée de mon départ, elle est soulagée de savoir que je vais revenir. Elle a besoin de pouvoir parler, de pouvoir accorder sa confiance à quelqu'un.

Seconde communication avec Nina

« [MOI] Salut Nina ! »

Elle dresse les oreilles vers moi avec un air qu'on pourrait presque dire heureux. Mais elle se reprend rapidement pour adopter un air ronchon.

« [MOI] Pourquoi tu fais la tête ?
[NINA] Je ne veux pas te parler.
[MOI] Nina... Je suis sûre que si, j'ai vu ton enthousiasme à mon arrivée.
[NINA] Tu me repousses. »

Elle parle des différents moment de la journée où elle a voulu me parler et où je l'ai effectivement repoussée, faute de pouvoir lui parler.

« [MOI] C'est simplement parce que je ne pouvais pas te parler, je ne communique pas aussi facilement que toi.
[NINA] J'ai besoin de toi...
[MOI] Je sais que tu as lu ce que ta gardienne m'a envoyé.
[NINA] Et ce que les autres ont dit. »

Les autres, ce sont toutes les personnes qui ont communiqué et à qui j'ai parlé de la situation avec Nina.

« [MOI] Qu'est-ce que tu en penses Nina ?
[NINA] J'ai espoir... Peut-être suis-je trop dure. Elle m'a sauvée la vie et je suis ingrate avec elle. »

Quand elle dit que sa gardienne lui a sauvé la vie, elle fait référence à ce qu'elle a sûrement lu dans la réponse que j'ai reçu, sur la boucherie. Mais je sens qu'il y a aussi autre chose.

« [MOI] Pourquoi tu dis ça ?
[NINA] Je la repousse, alors qu'elle ne demande que mon amour. Mais on ne se comprend pas. Elle ouvre son cœur grâce à vous.
[MOI] Et toi, tu serais prête à changer ?
[NINA] Oui, comme elle. Prendre un nouveau départ. Une complicité. J'ai été tellement méchante...
[MOI] Ne dis pas ça...
[NINA] Si. Elle a essayé de m'aimer. Mais nous n'étions pas faites pour être ensemble. Je ne voulais pas. J'étais blessée.
[MOI] Blessée ? Par quoi ?
[MOI] Par la vie. Elle ne m'a pas fait de cadeau, ou je n'ai pas su les accepter. »

Elle est effondrée, comme si un énorme mur tombait. C'est brutal et douloureux. Elle est très fragile et complètement déstabilisée.

« [NINA] Je veux la voir, m'excuser. Mais elle doit faire aussi des efforts.
[MOI] Justement. Qu'est-ce que tu voudrais changer ?
[NINA] Tout. Aller brouter avec elle, avoir des câlins, mais pas trop. Plus de violence, j'ai mal. »

Elle ne supporte plus l'action sur sa tête, le mors dans sa bouche. Je la vois lutter, ma tête est douloureuse, lourde, bloquée. Un énorme sentiment d'emprisonnement. Puis les coups de cravache, douloureux. Ils étaient effrayants mais ne le sont plus, maintenant elle les connaît, elle s'y attend et chaque coup la renferme un peu plus sur elle-même.

« [NINA] Je veux juste de l'amour. Je sais en donner, mais il faut le mériter.
[MOI] Tout le monde devrait mériter l'amour qu'on lui donne.
[NINA] Oui. Pour l'instant elle ne le méritait pas. Mais tout peut changer. Vous m'avez donné l'espoir.
[MOI] Qu'est-ce qu'elle doit faire pour le mériter ?
[NINA] M'aimer comme je suis, pas comme un jouet ou un objet. Mais comme un être pensant à part entière. Elle doit prendre conscience que je vis, que je ressens tout. Elle doit me faire confiance. Ne pas m'utiliser, mais partager des moments de vie avec moi pour construire notre histoire.
[MOI] Elle ne peut pas te faire confiance si tu es violente, elle a peur quand tu la charges, quand tu l'agresses...
[NINA] Je changerais si elle change. Je lui offrirai mon amour si elle m'accorde sa sincérité, il faut qu'elle soit pure et douce.
[MOI] Ça ne me dit pas pourquoi tu es si agressive ?
[NINA] Elle ne m'entend pas sinon. J'attire son attention et lui signale que ça ne va plus. J'ai tout essayé mais c'est la seule chose qui fonctionne.
[MOI] Mais tu as totalement perdu sa confiance à force...
[NINA] Pour mieux la retrouver.
[MOI] Qu'est-ce que tu penses de vos activités ? Qu'est-ce qu'il faudrait faire d'après toi ? De quoi as-tu envie ?
[NINA] De grandes randonnées à couper le souffle ! Juste elle et moi. Pas tourner en rond, pas de stress. »

Elle n'aime pas les carrières, les cours monotones, elle a besoin d'espace et de nature.

« [MOI] Et les concours ?
[NINA] Juste pour s'amuser. Pour lui faire plaisir si elle fait des efforts. Mais pas de brutalité, pas de colère ou de déception. Participer pour nous, dans la bonne humeur.
[MOI] Bien. Je vais lui dire tout ça.
[NINA] Je l'aime tu sais. À ma façon.
[MOI] Montre-lui, elle te le montrera à son tour.
[NINA] Tu es sûre ?
[MOI] Elle me l'a dit, tu l'as lu aussi.
[NINA] Quand elle viendra alors. Mais comment ?
[MOI] En t'approchant d'elle avec douceur par exemple. Et sans t'en prendre à qui que ce soit, humains ou chevaux. Tu ne peux pas l'avoir pour toi seule, mais tu peux avoir une partie de son cœur.
[NINA] D’accord... Merci...
[MOI] Aller, je vais dormir moi. Penses à tout ça, et moi je lui transmets notre échange. N'hésite pas à me faire signe.
[NINA] Je l'attends... »

Elle est perdue, hésitante. Mais elle est confiante. Je ne comprenais pas trop pourquoi, mais entre le moment où j'ai communiqué avec elle la dernière fois et cette nouvelle communication, j'avais des sentiments étranges, comme s'ils n'étaient pas les miens. Avant la réponse de sa gardienne, j'étais inquiète, soucieuse. Et à partir du moment où j'ai eu la réponse de sa gardienne, j'étais très confiante, rassurée en quelque sorte. De plus, je sentais fortement la présence de Nina, et je la sens encore dès que je parle d'elle, voire même quelques fois où je ne pensais absolument pas à elle. Je m'étais dit que c'était sûrement elle qui me transmettait ses sentiments, et cette nouvelle communication a l'air de confirmer ce que je pensais.

Troisième CA avec Nina